lundi 14 mars 2011

Réflexion sur la compassion sélective...

Ne vous inquiétez pas je ne vais pas partir dans un grand débat philosophique. Au vu des heures passées à tout faire sauf écouter les cours de philo en Terminale, il n'y a pas de risques.
C'est juste une petite réflexion que je me suis faite face aux tragiques événements au Japon.



Depuis Vendredi je suis collée  aux fils news, aux JT que ce soit à la TV ou sur le Net ...
J'essaye de relayer des contacts, liens qui pourraient éventuellement aider.
Ma page perso FB habituellement émaillée de statuts à l'humour fou, n'est que Japon, Japon, Japon ...

Je n'ai pas de famille là bas (hormis une tante thaïlandaise qui est interprète Japonais/Anglais/Français et qui fait très régulièrement le voyage à Tokyo - heureusement elle était en Thaïlande à ce moment), pas de collègues, pas d'amis...

Je n'ai qu'une immense affection et admiration pour un peuple, pays, culture qui m'ont émerveillés bien avant mon séjour en 2000.

Alors évidemment le fait d'être constamment aux nouvelles n'aide pas à faire baisser l'inquiétude. Entre les discours alarmistes, les communiqués locaux rassurants, les images de fin de monde qui contraste avec le comportement toujours très mesuré des Japonais, je suis un peu perdue.

Et depuis Vendredi, je ne cesse de me dire que j'ai une compassion sélective et je n'en suis pas très fière. Pourquoi ?

Parce que je me sens bien plus concernée par le Japon que par tout autre événement naturel, politique, humain qui a pu arriver ces dernières années. Alors bien sur j'ai été touchée par Haïti, par les révolutions au Moyen-Orient, la Lybie... Mais vraiment pas autant ...
J'ai été bouleversé par le Tsunami en Asie, d'autant plus que la Thaïlande était touchée (ma tante a d'ailleurs été sur place pour aider les survivants en tant qu'interprète - 8 langues au compteur ça aide). Mais je dois , à ma grande consternation,  avouer que pas autant que ce qui se passe au Japon...

Alors bien sur, nous avons tous des affinités, des raisons qui nous poussent à éprouver plus d'empathie envers tel ou tel événement. Je pense aussi que si on accordait la même émotion à toute catastrophe, on finirait par craquer émotionellement.
Mais je n'en suis pas bien fière, je pense que je devrai être touchée de la même manière où que se passe la tragédie. Et là il est plus qu'évident que ce n'est pas le cas du tout !!


Je tourne un peu en rond dans ma réflexion par mauvaise conscience. Ce n'est pas juste. Absolument pas. Mais c'est ainsi. Est ce mal ou normal ? ça me travaille beaucoup et je me dis que si je suivais les préceptes bouddhistes je pourrai peut-être atteindre la "grande compassion".
Les Bouddhistes affirment qu'avec la pratique ,cette aspiration devient complètement spontanée, rayonnant naturellement dans toutes les directions de l'univers en manifestant la même intensité affective qu'envers un parent ou un enfant, et en actualisant le même engagement de soin, d'attention et de prévenance.

Mais je ne pense pas être assez sage pour ça et je n'ai pas la vocation de Bouddha.

Alors c'est avec pas mal de mauvaise conscience que je continue à espérer pour le Japon.
Espérer que les pires scénarios ne se réalisent pas.
Espérer que la probabilité de 70% d'un séisme de magnitude 7 dans les 3 jours qui viennent soit fausse.
Espérer qu'il n'y ait pas un 2ème tsunami suite à cet hypothétique séisme.
Espérer qu'une solution soit trouvé pour les centrales nucléaires.

Espérer que le destin laisse du répit aux Japonais pour qu'ils puissent commencer à se relever, panser leur plaies, pleurer leur morts.

Et espérer très égoïstement que je puisse vite revenir au pays du Soleil Levant ...

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